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— « En ce temps-là, Pomaré venait donc de reconnaître son erreur. Il lui fallait encore persuader les païens demeurés obstinément païens et par là même fort inquiétants. Il importait de les battre, afin d’affirmer la vertu des rites nouveaux. Mais, de leur propre gré, en un jour manifestement choisi par l’Éternel, puisque c’était le jour du Seigneur, ils vinrent au-devant du combat. Souviens-toi de ce jour, Térii. Les Missionnaires, qui dénombrent avec grand soin le cours des lunaisons, l’appellent « Jour inoubliable de l’année mil huit cent quinzième après la naissance de Kérito. » Depuis lors, il est passé trois autres années. Ainsi, tu peux dès maintenant répondre à ceux qui te le demanderont : que tu vis dans la mil huit cent dix-neuvième année des Temps Chrétiens. »

Térii, point curieux de parlers aussi confusément inutiles, somnolait en attendant la suite du récit.

— « Le chef, et tous ses fétii, prenaient part aux cérémonies conduites par un Missionnaire dans le faré-pour-prier du lieu Narii, pas loin du rivage Atahuru. Les païens, comme de vils crabes de terre, longeaient le récif et contournaient la pointe Outoumaoro. On les aperçut, et, dans une forte indignation l’on voulut se jeter sur eux. Mais Pomaré, pris de peur, cherchait dans le Livre un enseignement