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On te conduira vers eux. Chemine avec prudence, et ne t’étonne pas si tu vois, dans l’île Uvéa, trois larges trous ronds enfermant, dans leurs profondeurs, trois lacs paisibles. Tu demanderas seulement : « Quel atua si ingénieux et si fort a creusé ces trous pour y verser de l’eau ? »

On te répondra que, par ces abîmes, la montagne, jadis, a soufflé du feu. C’est le dire des marins Piritané. Tu en trouveras partout, de ces gens-là ! nombreux comme les carangues dans la mer.

N’en crois rien : un trou plein d’eau peut-il jamais avoir soufflé du feu ! Certes, on a vu flamber la terre, quand Havaï-i a disparu. Mais ce feu ne venait pas d’un trou plein d’eau. Il n’était pas bon à voir. Il n’est pas bon à raconter.

Enfin, quand parvenu auprès du chef, tu auras changé ton nom pour le sien, et que vous serez tous deux Inoa, alors dis ce que tu veux, non plus faussement.

— Ainsi Paofaï devint le inoa de Atumosikava, chef des guerriers de Lano, dans la terre Uvéa. Cependant que le haèré-po, dont le parler est moins brillant, échange sa personne pour la personne de Féhoko, sacrificateur de rang infime.

Quant aux femmes, on sait bien que le inoa leur est superflu pour s’entendre avec les autres femmes, — si elles peuvent chanter, rire, et parler aussi.