Page:Segalen - L’Observation médicale chez les écrivains naturalistes.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de voyage, dans une auberge de province, peu de temps auparavant… »[1].

Outre une erreur de diagnostic (car Charcot succomba à une insuffisance aortique dûment constatée par les professeurs Strauss et Debove qui assistèrent à son agonie)[2], nous pouvons signaler que M. Brieux, par les recommandations précitées, ne voulut faire œuvre que de metteur en scène et qu’il fut à ce geste incriminé, logiquement amené par sa sincérité et sa conscience de dramaturge.

Moins précis en ses indications scéniques, il eût couru le risque de voir éluder ou transformer sa pensée. Ainsi croyons-nous qu’il arriva lors d’une représentation donnée à Bordeaux des Revenants, d’Ibsen : le rôle d’Oswald, qui ne comporte de la part de l’auteur aucun indice de diagnostic volontaire, nous paraît relever des troubles de la paralysie générale, pour l’issue, et plus simplement d’un d’éthylisme banal pour son entrée au deuxième acte. Or l’acteur, en son zèle de vérité médicale, crut devoir traduire l’un et l’autre par le tremblement intentionnel de la sclérose en plaque. L’effet scénique était puissant mais peu exact.

  1. Dr Albert Prieur, La science et le théâtre, Mercure de décembre 1901, p. 602.
  2. Voir Chronique médicale, 1er janvier 1901, p. 9.