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doute que les campagnes sont aussi belles que je les ai vues autrefois. Au défaut de mes yeux, je me plais à l’imaginer. Tu ne réponds pas ? Ah ! Est-il parti ?


Scène IV

RICHARD, sur la terrasse ; BLONDEL monte et s’arrange sur le parapet.
RICHARD.

Une année ! une année entière se passe, sans que je reçoive aucune consolation, et je ne prévois aucun terme au malheur qui m’accable !

BLONDEL.

S’il est ici, le calme du matin, le silence qui règne dans ces lieux laisseront sans doute pénétrer ma voix jusqu’au fond de sa retraite. Eh, s’il est ici, peut-il n’être pas frappé d’une romance qu’autrefois l’amour lui a inspirée ? Auteur, amoureux et malheureux : que de raisons pour s’en souvenir !

RICHARD.

Trône, grandeurs, souveraine puissance, vous ne pouvez donc rien contre une telle infortune ? Et Marguerite ! Marguerite ! (Pendant ce couplet, Blondel paraît accorder son violon presque en sourdine, afin de faire sentir qu’il est très-loin ; il commence à jouer lors du mot : Marguerite.) Quels sons ! Oh ! ciel, est-il possible qu’un air que j’ai fait pour elle ait passé jusqu’ici ? Écoutons.

ROMANCE
BLONDEL.
Une fièvre brûlante,
Un jour me terrassait…
RICHARD.

Je connais cette voix-là.