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LAURETTE.

Cette nuit !… Ah ! la nuit ! (Elle soupire et rêve.)

AIR
Je crains de lui parler la nuit,
J’écoute trop tout ce qu’il dit.
Il me dit : « Je vous aime, » et je sens, malgré moi,
Je sens mon cœur qui bat, et je ne sais pourquoi.
Puis il prend ma main, il la presse
Avec tant de tendresse,
Que je ne sais plus où j’en suis.
Je veux le fuir ; mais je ne puis.
Ah ! pourquoi lui parler la nuit ? etc.
BLONDEL.

Vous l’aimez donc bien, belle Laurette !

LAURETTE.

Ah ! mon Dieu, oui, je l’aime bien !

BLONDEL.

En vérité, votre aveu est si naïf, que je ne peux m’empêcher de vous donner un conseil.

LAURETTE.

Dites, dites. Je ne sais ici à qui me confier ; mais votre air, votre âge…, et puis vous ne pouvez me voir… tout cela me donne la hardiesse de vous parler, et me fait, je crois, moins rougir.

BLONDEL.

Eh bien, belle Laurette…

LAURETTE.

Mais, qui vous a dit que j’étais belle ?

BLONDEL.

Hélas ! pour moi, pauvre aveugle, la beauté d’une femme est dans le charme, dans la douceur de sa voix.

LAURETTE.

Eh bien ?