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AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR

La seule scène théâtrale de ce petit ouvrage est tirée d’une des nouvelles de Scarron, intitulée la Précaution inutile, et, je l’avoue, toutes les autres scènes de ma comédie n’ont servi que d’enveloppe à celle où la marquise propose et gagne la gageure. Dans Scarron, la duchesse (car c’en est une) a joué et joue plus gros jeu ; mais les romanciers font ce qu’ils veulent.

Dans la nouvelle suivante, intitulée les Hypocrites, Molière a, je crois, trouvé une des belles scènes de son Tartuffe : celle où ce scélérat se jette aux genoux d’Orgon pour le prier de pardonner à son fils, celle ou il s’avoue un misérable souillé d’ordures, etc. Mais l’auteur l’a si bien fondue dans son drame, elle y est si naturellement amenée, qu’on croirait aisément qu’il n’y avait pas besoin du roman pour l’imaginer.

Cette remarque a fait naître mes regrets sur ce que Molière ne s’est pas servi de la scène que j’ai mise en œuvre ; il aurait dû cueillir cette fleur, elle était sur sa route, et le Théâtre-Français aurait un ouvrage de plus.


Si j’ai marqué l’air, le ton et le jeu des personnages avec une sorte d’affectation, c’est pour les acteurs de société qui n’ont pas vu représenter cette pièce, et même pour quelques comédiens de province s’ils la jugent digne de les occuper.