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qu’il sert ; il les sert toutes, et en est servi : c’est l’homme de l’univers.

M. Vanderk fils.

Cela peut être vrai ; mais enfin en lui-même qu’a-t-il de respectable ?

M. Vanderk père.

De respectable ! Ce qui légitime dans un gentilhomme les droits de la naissance, ce qui fait la base de ses titres : la droiture, l’honneur, la probité.

M. Vanderk fils.

Votre seule conduite, mon père…

M. Vanderk père.

Quelques particuliers audacieux font armer les rois, la guerre s’allume, tout s’embrase, l’Europe est divisée : mais ce négociant anglais, hollandais, russe ou chinois, n’en est pas moins l’ami de mon cœur : nous sommes, sur la surface de la terre, autant de fils de soie qui lient ensemble les nations, et les ramènent à la paix par la nécessité du commerce : voilà, mon fils, ce que c’est qu’un honnête négociant.

M. Vanderk fils.

Et le gentilhomme donc, et le militaire ?

M. Vanderk père.

Il n’y a peut-être que deux états au-dessus du commerçant (en supposant qu’il y ait des différences entre ceux qui font le mieux qu’ils peuvent dans le rang où le ciel les a placés) ; je ne connais que deux états : le magistrat, qui fait parler les lois, et le guerrier, qui défend la patrie.

M. Vanderk fils.

Je suis donc gentilhomme ?

M. Vanderk père.

Oui, mon fils ; il est peu de bonnes maisons à qui vous ne teniez, et qui ne tiennent à vous.