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Nous nous marions ; le bon Hollandais mourut dans mes bras ; je pris, à sa prière, et son nom et son commerce. Le ciel a béni ma fortune, je ne veux pas être plus heureux ; je suis estimé ; voici votre sœur bien établie, votre beau-frère remplit avec honneur une des premières places dans la robe. Pour vous, mon fils, vous serez digne de moi et de vos aïeux : j’ai déjà remis dans notre famille tous les biens que la nécessité de servir le prince avait fait sortir des mains de vos ancêtres ; ils seront à vous, ces biens ; et si vous pensez que j’aie fait par le commerce une tache à leur nom, c’est à vous de l’effacer ; mais dans un siècle aussi éclairé que celui-ci, ce qui peut procurer la noblesse n’est pas capable de l’ôter.

M. Vanderk fils.

Ah ! mon père ! je ne le pense pas ; mais le préjugé est malheureusement si fort….

M. Vanderk père.

Un préjugé ! un tel préjugé n’est rien aux yeux de la raison.

M. Vanderk fils.

Cela n’empêche pas que le commerce ne soit vu comme un état…

M. Vanderk père.

Quel état, mon fils, que celui d’un homme qui, d’un trait de plume, se fait obéir d’un bout de l’univers à l’autre ! Son nom, son seing n’a pas besoin, comme la monnaie d’un souverain, que la valeur du métal serve de caution à l’empreinte, sa personne a tout fait ; il a signé, cela suffit.

M. Vanderk fils.

J’en conviens ; mais…

M. Vanderk père.

Ce n’est pas un peuple, ce n’est pas une seule nation