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LES MVUSES

Mais pendant que i’enfle mes veines
Sur le clairon audacieux,
Grand Prince, estrenne ces estrennes
Des douces faueurs de tes yeux.
Iadis apres tant de tonnerres
Dont les Titans furent couverts
Branslans les monts dards de leurs guerres
Le Roy du ciel dompteur des terres
Fut bien dompté par les beaux vers.
Vous Roy qui ombragez les nues
De cent Palais affreux de tours,
Demembrant les roches cornues
Antique repaire des Ours :
Estonné en vain de merueilles
Les mortels rauis par tes yeux,
Puis que ces masses nonpareilles
Doiuent un jour estre pareilles
Aux noirs tombeaux de voz ayeulx.
Et vous-mesmes dont les Coronnes
Font hommage aux braues Lauriers
Que voz inuincibles Bellonnes
Arrachent du front des guerriers.
Brosseriez en vain les campagnes
Courant à force le renom,
Si les belles vierges compagnes
N’enfantoient dessus leurs montagnes
L’eternité de vostre nom.
Combien de fois, Prince indomptable,
T’ai-ie veu parmi les hazars
Comme tempeste espouuentable
Ravageant la moisson de Mars.