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SONNET.

 C0mme vn braue Courſier vieilli dans les armées
Tout impotẽt de coups, tout ſegnalé d’hazars,
Diſpenſé pour iamais de la fureur de Mars
Pour eſtre le mari des poultres enflammées,
 Oiant le ſon guerrier des trouppes animées,
Ou voiant les eſclairs des eſcus & des dards,
Laiſſe l’Amour laſcif pour l’amour des ſoudards,
Hennit, gratte, treſſault par les plaines aimées :
 Ainſi toutes les fois qu’on diſcourt des combas,
Ie fremis, ie pallis, ie treſſaults, ie debas,
Figurant dans mon cœur l’image de Bellonne.
 Mais c’eſt trop follement : car vn Rai de ſes yeux
Chaſſe ſoudain de moi ce penſer furieux,
Et me fait d’vn Lion vne Biche poltronne.


A. D. V.





MVZAIN A HORACE.

Diev te gard’  mon vnique Horace,
Qui peux de ton archet Romain
Suiure de prés l’heureuſe audace
De ce grand Pindare Thebain :
 Bel eſprit, permets que tes aiſles
Souſtiennent mon vol par le ciel
Contre les Parques immortelles ;
Et Cigne aux plumes blanche-belles
Touſiours ſois-tu repeu de miel.


A. D. V.