Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET.

 Ie ne ſuis plus vn hõme, ou bien ſi ie le ſuis,
Ie ſuis tant ſeulement un homme en pourtraicture ;
Mais helas ! vn pourtraict ne ſent point ſa bleſſure,
Ie ſuis peinture au bien, & vrai homme aux ennuis.
 il y a ia deux ans, Amour, que tu me ſuis
Ainſi qu’vn Cerf bleſſé d’vne fiere poincture,
Et mon mal furieux n’a point de ſepulture,
Ni n’en veut que du dard de celui que ie fuis.
 Ie ne ſuis point helas ! ni l’homme ni l’image,
Ains ie ſuis vne beſte aueugle & ſans courage,
Qui fuit sa liberté & cerche ſa priſon :
 N’eſt-ce pas eſtre tel que d’eſtre fantastique,
Priſer & deſpriſer le monde & ſa pratique,
Croire ſon appetit, & fuir ſa raison.


A. D. V.





EPIGRAMME Ꭰ’VNE COVRTISANE.

Celle de qui chacun ſe iouë,
Et qui n’en refuſe pas vn,
Merite-elle qu’on la louë ?
Ie la priſe autant que la bouë
Puis qu’elle paſſe ſoubs chacun.


A. D. V.