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SONNET.

 Cruelle, reſpondez prononcez la ſentence,
Et ne me geinez plus auec tant de longueurs,
Si ma mort est la fin de voz fieres rigueurs,
Que ie meure ſoudain ſans auoir faict offence :
 Donnez moy ſeulement pour toute recompence
De vous auoir aimée auec tant de langueurs,
De vous avoir ſeruie auec tant de vigueurs,
Que ie meure preſent en voſtre ſouuenance.
 Et quand on vous dira l’hiſtoire de ma fin,
Honorez d’un ſouſpir l’aigreur de mon deſtin,
Comme ſi par ma mort vous eſtiez adoucie.
 Mais las ! ne iettez point de larmes de voſtre œil,
Ie ſeroi trop marri de troubler au cercueil
L’œil que i’eus tant de peur de troubler en ma vie.


A. D. V.





MVZAIN.

 Celui qui mille fois me fit faire naufrage
Sur vne mer de feu horrible de rigueurs,
(Paſſant) giſt eſtendu au long de ce riuage,
Amorti dãs la mer de mes froides vigueurs :
 Le dédain aſſaſſin le ſurprit ſans ſes armes,
Et le precipita dedans ſon flot vainqueur,
Helas n’en pleure point ; l’Amour vit dans les larmes :
Et puis s’il reviuoit pour venger ſes allarmes,
Il pai’roit le dedain aux deſpens de mon cœur.


A. D. V.