Le Soleil dompte les lumieres :
Mais touſiours les fureurs meurtrieres
Veillent au fonds de mes coſtez.
Nul obiect dormant ne te ronge ;
Si je dors i’ai cinq cens voleurs,
Dont le moindre ſoudain me plonge
Dedans les abyſmes d’vn ſonge,
Autant cruel que mes douleurs.
Helas ! qu’eſt-ce que je raiſonne,
Ou à qui tiens-ie ce propos ?
Eſt ce à toi ma douce mignonne ?
Peux-tu bien en ton dernier ſomne
Encores troubler mon repos ?
Mais pardon ombrelette bleſme,
Si i’ai oublié tes honneurs,
Et failli au deuoir extreſme,
Ie faults ainſi enuers moi-meſme,
Bien qu’entõbé dans mes mal-eurs.
Pardon, i’offre deſſus ta lame
Mes plaiſirs, me contentements,
Helas ! ie toffriroi mon ame,
Si le furieux qui l’enflamme
Ne la gardoit pour mes tourments.
Mais las ! où t’en fuis-tu Belette,
Le Soleil allume le iour,
Et tu t’eſteins, douce ombrelette,
Ne t’en va point ainſi ſeulette,
Prends ma vie ou bien mon amour.
Mon richelet, la pierre dure
N’attend plus ores que le prix,
De ce petit œil de Nature :
Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/252
Cette page a été validée par deux contributeurs.