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SONNET.

Vous eſtes vn fleuron qui ne fait que s’eſpandre,
 Croiſſant ſur le buiſſon dont ie ſuis rudoié :
 Vous eſtes le beau fruict de ce chãp fouldroié,
 Qui pluſtoſt que ſeruir s’eſcoule tout en cendre :
Vous eſtes ceſte voix que je ne puis entendre,
 Sans me voir tout ſoudain cruellement noié :
 Et vous eſtes l’eſclat dont ie ſuis pouldroié,
 Auant qu’auoir penſé ſi ie me doy defendre :
Bref, vous eſtes l’enfer affamé de mes pleurs,
 Qui ne vous ſaoulez point de mes ſanglans malheurs,
 Enfer que ie cheris ſur la ioye immortelle :
Or aduiſez, bons dieux, comment ie vis ici,
 Faiſant vn Paradis d’vn Enfer ſans merci,
 Ce viure n’eſt-il pas vne mort eternelle ?


A. D. V.





MVZAIN.

 
Grand Taſſe l’honneur d’Italie,
 Qui as chanté ſi haultement
 La ſuperbe priſe d’Elie,
 Que tu ſers d’epouuantement.
Aux eſprits qui prennent des aiſles
 Pour s’enuoler dedans les cieux :
 Ie te rends graces immortelles
 De tant de ſainctes eſtincelles
 Dont tu vas allumant mes yeux.


A. D. V.