Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET.

Si iadis Iupiter euſt delugé les flammes,
 Mes feux r’allumeroiẽt des feux à l’Vnivers :
 Si le fils de Clymene eut deſſeiché les Mers
 Mes pleurs donroiẽt des flots aux poiſſons & aux rames.
Si le Grec fort des vents euſt abysmé leurs ames,
 Mes ſoupirs produiroient des orages aux ers,
 Si Orphee euſt banui les tourments des enfers,
 Ma peine ſuffiroit pour les esprits infames
Si ce tout s’abyſmoit dans le Rien ſon vainqueur,
 L’Amour retrouueroit son chaos dans mon cœur,
 Pour recouuer ſoubs ſoi l’eſtre d’vn nouueau monde
Et ſi tu reſtes ſeul entre les Deitez,
 Tu prendras de mon ſein mille diuinitez,
 Iupiter pour regir le ciel, la Terre & l’onde.


A. D. V.





MVZAIN.

 
Comme vn Muſicien qui eſtale mignard
 Les threſors plus douillets de ſes douces merueilles,
 Dont il va preparant le cœur & les oreilles
 Auant que de monſtrer la grandeur de ſon art :
Ainſi fuſ-ie appaſté des doux rais de ta veüe,
 De ton ris emmielé, de ton ſucré diſcours,
 Qui ores feu ardant, ores geine connuë,
 Or iuge partiſan du cruel qui me tuë,
 Me font paroiſtre l’art que tu as aux Amours.


A. D. V.