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SONNET.

 
O dieu qui vois ceſte roüe execrable.
Horrible obiect de ton iuste courroux,
Qui vois mõ corps rõpus de tant de coups,
Chaſſe de moi ton ire eſpouuentable :
 Mes os brifez ſous la barre effroiable,
Ma chair moliie & tous mes nerfs diſſous,
Mes bras pendans & mes triſtes genoux
Auront-ils point leur Seigneur ſecourable ?
 Le Forgeron frappe dessus le fer
A coups doublez pour le mieux eſtoffer,
Et en tirer vn outil de ſeruice :
 Et toi, bon Dieu m’auras-tu abbatu
Soubs tant de coups teſmoins de ta vertu,
Pour me laiſſer eternel au ſupplice


A. D. V.





MVZAIN.

 
Vous ne ſçauriez aymer, permettez qu’on vous aime,
 Ie fournirai d’Amour & pour vous & pour moi :
 Vous ne ſeriez plus libre eſtant ſoubs vne loi !
 N’eſt-ce pas liberté que d’vſer de ſoi-meſme ?
Mais l’honneur, voſtre honneur, giſt en l’opinion,
 Ie feray vne ſecte auec ma Rhetorique,
 Et qui ſentira mal de ma Religion,
 Il ſera dechaſſé de la Saincte Vnion,
 Deſcrié pour iamais ainsi qu'vn heretique.

A. D. V.