SONNET.
Qv’inferez vous, menteurs, par voz beaux Arguments,
Que toutes choſes ſont vn ſeul eſtre immobile ?
Vous n’auez fondement qui ne ſoit trop debile
La Nature le monſtre auec ſes mouuements.
Et puiſque le Cahos reçoit les ornements
Qui donnent l’eſtre heureux à la maſſe infertile,
Ornements differents, quelle reigle ſubtile
Peut eſtablir le fonds de voz enſeignemens ?
Mais diſtes moy pourquoi ores feu, ores glace,
L’eſpreuue ores la paix & ores la menace,
Si tout eſt immobil comme ma loyauté ?
Et ſi l’eſtre n’eſt qu’vn, que ne ſuis-ie en ma Belle,
Et ma rebelle en moi, en eſſence eternelle,
Toute vnique en Amour, toute vnique en beauté ?
MVZAIN.
Peux-tu bien eſtre ſi cruelle
Entre tant de douces beautez,
Et peux-tu bien eſtre ſi belle
Entre tant d’aigres cruautez ?
Ces roſes, ces lis, qu’on ne touche
Sans paſmer d’un baſme vainqueur,
Ces chants rauiſſeurs, belle bouche,
Me ſont un Printemps, mais farouche,
Ce non eſt l’Hyuer de mon cœur.