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SONNET.

Bons dieux, qui la voyez pensiuemẽt bleſmie,
Marchant à pas comptez, les yeux fichez en bas,
N’eſcoutés la mauuaiſe, elle tẽd des appac,
Des gluaux & des rets pour me priuer de vie :
 Cent mille Amours legers lui tiennent compagnie
Aiguiſans dans ses yeux l’ardeur de leurs combas :
Bons dieux, deſarmez-la, ou ne l’eſcoutez pas,
Priuez-la de pouuoir ou bien de tyrannie.
 Mais ſi par cy apres tendre à mon amitié
Elle arrouſe mon feu de l’eau de ſa pitié,
Bons Dieux ne deſtournez arriere voſtre face :
 Que ſi la cruauté s’affermit dans ſon cœur,
Puniſſez son deſdain d’vne iuste rigueur.
 Qui n’a pitié d’autrui, ne merite point grace.


A. D. V.





MVZAIN.

 
Vn principe certain, pluſieurs, ou infinis,
 Auec le ſort, le nombre, & la paix & la guerre,
 Font, dictes vous, reſveurs, le Ciel, l’Air, l’Eau, la Terre,
 Vous vous trompez, le rien, parfit leurs corps vnis :
Ie te cognoi par moi tableau de la lumiere,
 Qui me reduis en cendre, puis de cendre en rien ;
 Si mon commencement venoit d’une matiere,
 Ie ne me perdroi point en perdant ma Guerriere,
 Ains priué de ſes yeux ie garderai mon bien.


A. D. V.