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SONNET.

 
Mon cœur haultain meſdiſoit de l’Amour,
Et meſpriſoit en tous lieux ſes myſteres ;
Ores ie ſens tes puiſſantes choleres,
Pardon, Amour, ie te ſuyurai touſiour :
Ainſi diſoit empeſtré de maint tour,
 De lierre ſeinct, de pampre & de viperes
 Penthé hurlant ſoubs les Bacchantes fieres,
 Qui diſſipoient & ſon corps & ſon iour.
Ainſi crioit (diſoit l’Amour farouche)
 c’eſt inſenſé ; mais le cri de ſa bouche
 Ne ſceust fleſchir l’vne ny l’autre Sœur :
Tu en mourras, ne demande point grace,
 C’eſt œil brillant t’eſtendra sur la place,
 Et ces beaux doigts deſmembreront ton cœur.


A. D. V.





MVZAIN.

 
O petrarque diuin,
Car tu es l’Amour meſme,
Qui chantas ton deſtin
Soubs vne face bleſme,
 Eſmaillé de tes fleurs
Ma paßion cuiſante,
Et fai que mes douleurs
Iettent tant de chaleurs
Que ma Belle s’en ſente.


A. D. V.