Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.


EPIGRAMME.

 
Si ton chien ſort hors de ta porte
Tu le bats à bonne raiſon,
De peur que quelqu’vn ne l’emporte :
Si on te traictoit de la ſorte
 Tu garderois plus ta maison.


A. D. V.





SONNET.

 
Oses-tu bien darder tes flammes criminelles,
Soleil qui vas põpeux des rais de mõ Soleil ?
Cache dedans la nuict ton visage vermeil,
Ses beaux yeux sont noircis de deux nuicts eternelles.
 Et vous beaux yeux ternis, lumieres trop cruelles,
Pourquoi vous plongez vous dans l’eternel ſommeil ?
Voſtre vie & ma vie ont vn meſme cercueil,
Si vous partez ſans moi, vous eſtes infideles :
 Mes yeux pouuez vous voir ſans mourir ces aſſaux ?
Yeux malings, yeux felons, vous vous faictes eſgaux
A la mort, elle occit, vous mirez ſes bleſſures :
 Et toi mon cœur, non cœur, mais vn carreau de fer,
Tu contiens dedans toy tous les tourmens d’enfer,
Et tu es tout entier ſoubs ces fieres painctures !


A. D. V.