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SONNET.

 
Le deſeſpoir eſt un Roi furieux
Traiſnant touſiours un gros camp de miſeres,
Nul n’eſt exempt de ſes fieres choleres,
Car en naiſſant on lui creua les yeux
 Il priſe autant l’Enfer comme les cieux ;
Soudain qu’il a vaincu ſes aduerſaires,
Il ſe défaict de cent poinctes contraires,
Et en mourant ſe prend meſmes aux Dieux.
 Chaſſez ce Roi qui enuahit mon ame,
Par le ſupport de voz rigueurs, Madame,
Vous le pouvez d’vne ſeule faueur ;
 S’il prend mon ſein, vous en maudirez l’heure,
Et pleurerez ſur la longue demeure
Que fait voſtre œil à ſecourir mon cœur.


A. D. V.





MVZAIN A HOMERE.

 
Grand Homere, l’ardant Soleil
Qui allumes la Poëſie,
Bien que ta paupiere obſcurcie
Dorme d’vn eternel ſommeil :
 Tu perdis les yeux pour Helene,
Ie perds le ſens pour mes Amours :
A bon droict tu portas la peine
D’auoir tant aigri ton haleine,
Et non moi qui louë touſiours.


A. D. V.