Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET.

 
O toy qui me deſpars avec ta deſpartie,
Arrachãt mon eſprit de ce corps lãgoreux,
Prens l’vn & l’autre auſſi, ou laiſſe tous les deux,
L’vne n’eſt point à toy plus que l’autre partie :
 Par mon amour bruſlant, par ta flamme amortie,
Arreſte vn peu cruel, qu’vn adieu doloreux
Appaiſe tant ſoit peu mon braſier amoureux ;
Ceſt le dernier guerdon que ie veux pour ma vie :
 Ainſi crient iadis forcenant de deſdain,
Arrachant ſes cheueux, eſgratignant ſon ſein,
Ariadne laiſſée, Eliſe, Olympe, Armide,
 Tout ainſi criras-tu alors que ton amant
Deſdaignant les douceurs de ton embraſſement,
Vengera mon treſpas deſſus mon homicide.


A. D. V.





MVZAIN A PINDARE.

 
O Grand Pindare qui t’enuoles,
Sur les aiſles de tes diſcours,
Franchiſſant d’un ſaut les deux poles,
Tu vas deſdaignant les Amours :
 Les grands Rois & les forts genſdarmes
Qui ſont autant ſur les mortels,.
Que tes vers ſur Les autres carmes,
Que ſur les baiſers les alarmes,
Te doiuent dreſſer des autels.


A. D. V.