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SONNET.

 
Ie couue dans mon ſein vn Ocean de pleurs,
Vne Aetne de ſanglots, vne Thrace de charmes,
Vn Ilion de feux, vne France d’alarmes,
Vn deluge de ſang ; vn Enfer de mal-heurs :
 Et s’efclos de ces œufs mille affamez voleurs,
Eſguiſans ſur mon flanc les crochets de leurs armes,
Et plongeans leurs cerceaux aux ruiſſeaux de mes larmes
Qui me ſeruent de plume & d’encre en mes douleurs :
 Verrai-ie, Richelet, ceſte fiere nichée,
S’enuoler de mon ſein emportant la bechée
De mon cœur deſchiré en autant de morceaux ?
 Et puis vn autre cœur s’eſleuer en ſa place,
Qui ſage pour iamais ne couue iamais race,
Qui ſoit pour luy donner tant de viuants tombeaux ?


A. D. V.





MVZAIN.

 
Tranſporté ie voyoy l’aſtre de la grand voute,
Qui vous diſoit ainſi ie vous cede les Cieux,
Allumez tout ce tout d’vne nouvelle route,
Auſſi bien mes clartés ne viuent qu’en voz yeux :
 Que dis-tu grand Soleil pere de la lumiere,
Tu vis iadis ton fils hautement foudroyé,
Pour ſecourir la terre eſleuant ſa priere ;
Mais ſi ces yeux brillans montent ſur ta carriere,
L’Vniuers ſans ſecours en ſera poudroyé.


A. D. V.