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SONNET.
Peintre qui veux auoir vne œuvre façonnée,
Sur toutes les beautez de la terre & des Cieux,
Garde toi d’imiter le foudre de ſes yeux,
De peur d’eſtre puni comme fut Salmonée :
Peints ſa bouche en bouchant ton oreille eſtonnée,
De peur d’eſtre enchanté par ſon chant gracieux :
Son ſein est vn Gibel cachant fallacieux,
Vn feu par qui ta main doit eſtre guerdonnée :
Mais lors que tu auras parfait tout le tableau,
Garde toy d’eſtre faict toi-mefme ton tombeau,
Empierré ſans mercy de ſon regard habile :
Mon penſer la peignit iadis dedans mon cœur,
Et receut pour loyer le rocher ſon vainqueur,
Dont il eſt demeuré pour iamais immobile.
A. D. V.