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gourgandine de lettres. Sainte-Beuve, qui s’y connaissait et la connaissait à fond, l’appelait « femme à la Staël » ! C’est, en effet, la seule qualification qu’elle mérite, bien qu’elle n’ait pas fait Corinne[1]. Elle résume tout, son talent et ses mœurs. Mais si Hortense Allart avait l’esprit mâle de Mme de Staël, elle était tout de même beaucoup plus femme qu’elle : j’entends qu’elle avait plus de grâce, plus de montant, plus de séduction. La nature l’avait véritablement comblée sous tous les rapports. À vingt-cinq ans, ce devait être un morceau de roi. Il le faut bien, du reste, pour qu’elle ait enchanté les derniers jours du grand Enchanteur !

Sainte-Beuve a donc été bien inspiré en nous conservant les lettres d’Hortense. Outre qu’elles justifient pleinement le surnom qu’il lui avait donné, elles le justifient pleinement, lui aussi, de l’accusation injurieuse dont il fut l’objet, lors de la publication de Chateaubriand et son groupe littéraire. Lui, se faire l’éditeur de mémoires apocryphes pour satisfaire ses petites rancunes ! Allons donc ! Je l’ai dit et répété

  1. Le 10 août 1860, Sainte-Beuve écrivait à Mme de Solms, qui lui avait demandé quelques renseignements sur elle : « Mme Hortense Allart est, je crois vous l’avoir dit, une cousine germaine de Mme de Girardin et de Mme O’Donnell… C’est une femme loyale, un honnête homme, très instruite, spirituelle dans ses lettres mais très décousue dans ses livres, dont aucun n’a eu un véritable succès… » (Lettre publiée dans le Correspondant du 10 août 1907.)