Page:Seche - Hortense Allart de Meritens.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

était encore fort désirable à cet âge, et nous savons par ailleurs qu’à la même époque il prit plus d’un jeune cœur dans ses filets toujours tendus.

Il n’est pas le seul, du reste, à qui l’amour ait souri jusqu’au sein de la vieillesse. Gœthe et Bernardin de Saint-Pierre inspirèrent des passions semblables, quand ils avaient des cheveux blancs. Qu’en conclure ? qu’il y a des grâces d’état pour certains hommes et que l’amour, quoiqu’on en dise, ne dédaigne pas tout à fait la gloire.

Voilà ce que ne comprirent ni Armand de Pontmartin ni Barbey d’Aurevilly. Vous connaissez les articles qu’ils firent sur Chateaubriand à l’apparition des Enchantements de Prudence. N’êtes-vous pas d’avis qu’ils auraient mieux fait de se taire ou de prendre texte de ce livre pour soutenir, comme le fit, il y a quelques années, l’abbé Bertrin, que la sincérité religieuse de Chateaubriand n’avait reçu aucune atteinte de ses aventures galantes ?

L’auteur du Génie du Christianisme était, en effet, un être éminemment complexe. L’homme en lui n’était pas seulement double, il était triple et quadruple ; mais, dans tous ses états et dans tous ses actes, il était mené et mal mené par son imagination qui n’était pas très saine. De là certaines contradictions violentes entre son langage ordinaire et sa conduite