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française ayant toujours mis son amour-propre à marcher sur les traces du roi vert-galant. Et d’ailleurs, s’il fut inconstant en matière d’amour, on peut d’autant mieux l’excuser, de ce chef, qu’il poussa la fidélité jusqu’à l’héroïsme en matière d’honneur.

Le roman de René avec Hortense Allart ne le diminue donc pas à mes yeux. Et pourquoi le dimiminuerait-il plus que ses romans avec Pauline de Beaumont, la marquise de Custine ou la duchesse de Mouchy ? Est-ce parce qu’il avait alors soixante ans et qu’Hortense n’était qu’une roturière ? Mais l’amour n’a pas besoin de quartiers de noblesse ; de beaux yeux valent bien un blason, surtout si l’esprit les anime, comme c’était le cas de ceux d’Hortense. Et quant à l’âge avancé de Chateaubriand, je ne vois pas pourquoi on le lui imputerait à crime. J’aurais plutôt envie de lui reprocher, comme Sainte-Beuve, d’avoir rougi de cet amour d’automne, en le passant sous silence dans ses Mémoires d’Outre-tombe. Car les roses de l’arrière-saison ont plus de charme que celles de l’été, et je ne sais rien de plus glorieux pour un sexagénaire que d’inspirer encore de l’amour à une femme de vingt-cinq ans. On m’objectera peut-être que c’était son illustration plus que son beau physique qui avait séduit Hortense. Je le veux bien ; cependant elle avoue dans ses Enchantements qu’il