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l’objet ni de changement, ni de fausse interprétation. Que le salut et la bénédiction soient sur sa famille et ses compagnons qui ont su enseigner la vérité à celui qui a désiré la connaître, et l’ont convaincu par leur science et leurs preuves, qui ont connu la loi par texte et par interprétation et qui nous ont laissé comme preuve éclatante leur conduite exemplaire, leur justice et leur équité !

Je te demande, ô Dieu ! de m’accorder ton puissant appui pour arriver aux actes qui te plaisent, pour que tu m’aides à remplir ma tâche de prince, cette tâche qui est le plus lourd fardeau que puisse porter un homme. Je mets toute ma confiance et tout mon savoir en toi : quel plus grand appui que celui du Très haut ?

La mission que Dieu nous a donnée en nous chargeant de gouverner ses créatures dans cette partie du monde nous impose des devoirs impériaux et des obligations religieuses que nous ne pouvons remplir qu’à l’aide de son seul recours. Sans cette aide, qui pourrait satisfaire à ses devoirs envers Dieu et envers les hommes ?

Persuadé qu’il faut suivre les prescriptions de Dieu en tout ce qui touche ses créatures, je suis décidé à ne plus laisser peser sur celles qui sont confiées à mes soins ni l’injustice, ni le mépris : je ne négligerai rien pour les mettre en pleine possession de leurs droits.

Peut-on manquer, soit par ses actes, soit par ses intentions, à de pareils devoirs, quand on sait que Dieu ne commet pas la moindre injustice et qu’il réprouve ceux qui oppriment ses créatures ?

Dieu a dit à son prophète bien-aimé : « Ô David ! je t’ai fait mon calife sur la terre ; juge les hommes d’après la justice, ne te laisse pas guider par la passion, car elle t’éloignerait de la voie de Dieu, et ceux qui s’éloignent des voies du Seigneur sont destinés aux tourments les plus affreux, car ils ont oublié le jour de la résurrection ».

Dieu est témoin que j’accepte ses hautes prescriptions pour prouver que je préfère le bonheur de mes États à mon avantage personnel. J’ai consacré à assurer ce bonheur, mon temps, mes forces et ma raison. J’ai déjà commencé, comme on le sait, à alléger les taxes qui pesaient sur mes sujets. Dieu a permis que cette réforme fût une source de bien, et ces heureux résultats ont fait espérer à nos peuples de nouvelles améliorations.

La main des agents infidèles se trouvait dès lors paralysée.

Pour arriver à des améliorations, il faut d’abord en établir les bases générales. Vouloir y atteindre du premier coup, sans les asseoir sur ces bases, serait se créer d’insurmontables difficultés.

Nous nous sommes convaincus que la plupart des habitants de nos États n’ont pas une confiance entière dans ce que nous avons fait pourtant avec les meilleures intentions. C’est une loi de la nature que l’homme ne puisse arriver à la prospérité qu’autant que sa liberté lui est entièrement garantie, qu’il est certain de trouver un abri contre l’oppression derrière le rempart de la justice et de voir respecter ses droits jusqu’au jour où des preuves irrécusables démontrent que sa culpabilité ne résultera pas pour lui de témoignages isolés.

L’homme coupable qui se voit jugé par plusieurs n’hésite pas, pour peu qu’il conserve une lueur de raison, à reconnaître son crime et doit se dire : « Quiconque outrepasse les limites fixées par le Seigneur se condamne lui-même ».

Nous avons vu le chef de l’Islam et ceux des grandes puissances