courageusement cette Croix que je vous présente, & toutes celles qu’il me plaira de vous envoyer. Abandonnez votre honneur à la calomnie, & votre corps à la rage des persécuteurs que je choisirai pour vous éprouver, quelques vils & quelques inhumains qu’ils soient. O si vous sçaviez le contentement que me donnera votre résignation & votre patience ! Mais pouvez-vous l’ignorer, en voyant ces Playes que je n’ai reçues qu’afin de vous acquerir au prix de mon Sang les vertus dont je veux orner votre ame qui m’est plus chere que ma propre vie ? Si j’ai bien voulu me réduire à une telle extrêmité pour l’amour de vous, comment ne voudriez vous pas souffrir quelque legere douleur, pour soulager tant soit peu les miennes qui sont extrêmes ? Comment n’essayeriez-vous pas de guérir les playes que m’a fait votre impatience, qui est pour moi un tourment beaucoup plus insuportable que toutes les playes de mon Corps ?
Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/257
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.