La seconde raison est, que lorsqu’on forme quelque bon desir, on ne se propose que la beauté & l’excellence de la vertu, qui de soi attire les volontés les plus foibles, & qu’on ne regarde point les travaux qui sont nécessaires pour l’acquérir ; ce qui fait qu’à la moindre difficulté une ame lâche se rebute, & quitte son entreprise. C’est pourquoi accoutumez-vous à envisager plûtôt les difficultés qui se rencontrent dans l’acquisition des vertus, que les vertus mêmes ; pensez-y souvent, & selon les occurrences préparez-vous à les surmonter. Sçachez au reste, que plus vous aurez de courage, ou pour vous vaincre vous-même, ou pour résister à vos ennemis, plus les difficultés s’aplaniront, & vous paroîtront legeres.
La troisiéme raison est, que dans nos bons propos nous considérons moins la vertu & la volonté de Dieu, que notre interêt : ce qui arrive d’ordinaire, lorsque nous sommes comblés de consolations, particulierement