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SONNET.
Sur vn Songe.
O Prodige eſtonnant & difficile à croire,
Enfin ie voy Philis, ſans haine, & ſans orgueil :
Après vn long combat, i’emporte la victoire ;
Et l’on voit mon Triomphe, au bord de mon Cercueil.
Ses yeux tout rayonnans de ſplendeur & de gloire,
Comme vn foible nuage, ont diſſipé mon deüil ;
De l’orage paſſé, i’ay perdu la memoire,
Et i’ay trouué le Port, où ie creus vn Eſcueil.
D’un regard fauorable ; & tout rempli de charmes,
Cét Aſtre de mes iours, vient d’eſſuyer mes larmes,
Et de cette douceur ie ſuis eſmerveillé :
Sa froideur se réchauffe, à l’ardeur de ma flame ;
Elle m’offre ſon cœur, en recevant mon ame :
Mais hélas c’eſt en ſonge, & l’on m’a reſueillé.