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AV LECTEVR


C Omme vne partie de ce Volume eſt de Vers d’amour, ie me crois obligé de vous aduertir que vous le liſiez ſi vous en voulez voir de moy de cette eſpece : car à mon aduis ce ſera le dernier que l’on en verra, i’ay appris du Grand Malherbe, qu’il n’y a point d’apparence d’entretenir le monde

                           Des ridiculles auantures,
                           D’vn Amoureux à cheueux gris.

Ce n’eſt pas que i’aye encore beſoin de beaucoup de poudre pour cacher la blancheur des miens, ni que ma vieilleſſe ſoit décrépite : mais enfin i’ay quarante huit ans, & ma première Maiſtreſſe n’eſt plus belle. Ces deux choſes me diſent tacitement, que la galanterie ne doit plus eſtre à mon vſage : & que ſi ie n’ay pas la force de reſiſter abſolument à cette paſſion, ie dois du moins doreſnauant cacher ma foibleſſe. Ainſi Lecteur, voicy les dernières flames, ie n’oſe encore dire dont ie brufleray, mais dont vous me verrez bruſler. Ie ſouhaite qu’elles ſoient