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m’avoient ſans doute cachée, tant que la ceremonie avoit duré : mais une Perſonne ſi admirablement belle, que j’en fus eſbloüi, tant elle avoit d’eſclat dans les yeux & dans le teint. Je ne la vy pas plus toſt, que ceſſant d’eſcouter ceux qui parloient, je tiray Meleſandre par le bras : & ſans ceſſer de regarder ce merveilleux Objet dont mes yeux eſtoient enchantez : Meleſandre, luy dis-je en la luy monſtrant, aprenez moy le nom de cette miraculeuſe Perſonne. Elle s’apelle Teleſile, me repliqua t’il ; de qui le nom n’eſt pas moins celebre pas les charmes de ſon eſprit, & par la complaiſance de ſon humeur, que par les attraits de ſon viſage. Au nom de Teleſile, ceux avec qui nous eſtions interrompirent leur converſation ; & la regardant paſſer aupres de nous, nous la ſalüaſmes, & la ſuivismes, afin de la voir plus long temps. Comme elle connoiſſoit fort Meleſandre, & qu’elle l’eſtimoit meſme beaucoup, elle luy rendit ſon ſulut avec un ſousrire ſi agreable, & avec un air ſi aimable & ſi obligeant ; que ſa beauté en augmentant encore, mon admiration s’en augmenta auſſi : & je ſentis dans mon cœur je ne sçay quelle joye inquiette, & je ne sçay quel tumulte interieur dans mon ame, que je ne connoiſſois point du tout, ne l’ayant jamais ſenti juſques alors. Et certes je ſuis oblige de dire, pour excuſer ma foibleſſe en cette rencontre ; que peu de cœurs ont jamais eſté attaquez avec de plus belles ny de plus fortes armes que celles qui bleſſerent le mien. Teleſile eſtoit dans ſa dix-ſeptiesme année : elle avoit la taille noble & bien faite : le port agreable : & quelque choſe dans l’action de ſi libre, do ſi naturel, & qui ſentoit : ſi fort ſa perſonne de qualité ; qu’elle ne laiſſoit pas lieu de douter de ſa