au mariage que le Prince ſon Pere avoit fait de luy & d’Alcionide ſans la connoiſtre : mais qu’il ne l’avoit pas plus toit veüe, qu’il avoit eû plus d’amour pour elle, qu’il n’en avoit jamais eû pour ſa premiere Maiſtresse. Je compris en ſuite qu’il n’avoit pû reconnoiſtre mon Vaiſſeau, parce qu’il avoit eſté raccommodé à Gnide : & que depuis que j’en eſtois party, le Pavillon & les Banderolles que Leoſthene avoit fait faire pour y reçevoir Alcionide y eſtoient demeurées ; qui n’eſtoient pas celles que Tiſandre pouvoit connoiſtre. Je ne pouvois pas non plus avoir connu ſon Navire : parce qu’a cauſe de ſon Mariage, ſes Banderolles eſtoient auſſi toutes couvertes de Deviſes galantes & de Chiffres, au lieu des autres marques qu’il avoit accouſtumé d’avoir. Comme ce Prince eſt veritablement genereux, voyant que je ne parlois point, il me demanda pardon s’il m’avoit dit quelque choſe de faſcheux, dans les premiers tranſports de ſa douleur : mais j’avois l’eſprit ſi peu à moy, que je ne sçavois ce que je luy reſpondois. Je sçay pourtant bien que pour ne parler point d’Alcionide, dont je n’euſſe pû parler ſans luy aprendre malgré moy ce qu’il ne sçavoit point : je commanday que l’on remiſt en liberté tous les gens du prince Tiſandre, & qu’on les traitaſt comme les miens. Cependant quoy que la veuë de ce Prince me fuſt devenuë inſuportable, depuis que je sçavois qu’il eſtoit Mary d’Alcionide : touteſfois je ne pouvois me reſoudre à ſortir de ſon Vaiſſeau, parce que c’eſtoit m’eſloigner d’elle. Neantmoins n’eſtant pas en liberté de me pouvoir pleindre en ſa preſence, je repaſſay dans le mien, ſur le pretexte d’y aller donner quelques ordres : & je fus dans ma Chambre, l’eſprit ſi accablé de douleur, que je fus tenté
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