s’entretenant de diverſes choſes, mais principalement de l’eſperance qu’ils avoient de sçavoir des nouvelles de la Princeſſe Mandane, par la priſe du Roy d’Armenie : ils arriverent au Chaſteau : où Cyrus ayant fait donner un fort bel Apartement au Roy d’Aſſirie, le laiſſa pour aller ſonger aux choſes neceſſaires à leur deſſein. Joint auſſi que la veuë de ce Rival luy remit ſi fortement dans l’eſprit tous les démeſlez qu’il avoit eus aveques luy, ors qu’il n’eſtoit que Philidaſpe : qu’il fut bien aiſe ce pouvoir prendre un quart d heure pour s’entretenir dans ſa Chambre, où il ne voulut eſtre ſuivy que de Feraulas. Ce n’eſtoit donc pas aſſez, dit il à ce cher Confident de ſa paſſion, d’eſtre eſloigné de ce que j’aime plus que ma vie, ſans eſtre encore obligé de voir ce que je dois haïr juſques à la mort ? Cependant la generoſité veut que je ſuspende tous mes reſſentimens : & que j’agiſſe civilement, avec mon plus grand ennemy. Mais au moins ſi j’eſtois aſſuré que la divine Mandane me recompenſast un jour de la violence que je me fais, je ſerois en quelque ſorte conſolé. Pour moy, interrompit Feraulas, je croy que vous devez pluſtost attendre des pleintes de la Princeſſe que des remercimens : lors qu’elle sçaura que vous avez promis au Roy d’Aſſirie de vous battre contre luy, quand vous l’aurez delivrée. Eh pleuſt aux Dieux, reprit l’affligé Cyrus avec precipitation ; pleuſt aux Dieux, dis-je, qu’elle fuſt en eſtat de me faire des reproches : & que je fuſſe en termes de tenir ma parole au Roy d’Aſſirie. Non Fortune, pourſuivit il, je ne te demande autre grace, que celle de me faire delivrer ma Princeſſe : & de me voir l’Eſpée à la main contre ce redoutable Rival. Apres cela, laiſſe
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