n’eſtoit point un homme à faire une pareille choſe : non, dit la Princeſſe, mais Artane eſt fort propre à faire une ſemblable méchanceté. Et en effet, Seigneur, nous avons sçeu depuis que c’eſtoit luy qui ayant deſcouvert que Spitridate avoit envoyé à Heraclée à ce Capitaine de la Tour où il avoit eſté priſonnier ; avoit fait ſuivre cét homme qui eſtoit chargé de la veritable reſponse de la Princeſſe & de la mienne : & l’ayant arreſté, apres luy avoir pris les Lettres, il les avoit fait imiter par un homme qui demeuroit à Heraclée, qui contrefaiſoit admirablement toutes ſortes d’eſcritures. Mais comme celle de la Princeſſe eſtoit fort courte, & qu’il n’en avoit point d’autres : toutes les Lettres neceſſaires à eſcrire celle que je viens de vous dire la derniere ne s’y trouvoient pas : & c’eſtoit la cauſe de la notable, difference qu’il y avoit de quelques uns de ces caracteres à ceux de la Princeſſe. Il ſe trouva meſme pour favoriſer ſa fourbe, que celuy qui eſtoit chargé de nos Lettres, avoit eſté eſlevé dans la Maiſon du Pere d’Artane, ſans que Spitridate ny nous en sçeuſſions rien : de ſorte que reconnoiſſant le fils de ſon ancien Maiſtre, il s’en fit connoiſtre auſſi, de peur d’eſtre maltraité, & s’en laiſſa ſuborner : Si bien que ce fut par ce meſme homme que Spitridate avoit envoyé, qu’il reçeut les fauſſes Lettres qu’Artane ſupposa : ce qui ne ſervit pas peu à l’empeſcher de ſoubçonner rien de la tromperie qu’on luy faiſoit. Ce qui avoit obligé Artane à cela, eſtoit que connoiſſant le grand cœur de Pharnace, il avoit eſperé qu’il pourroit eſtre tué à cette guerre : de ſorte qu’eſloignant encore plus Spitridate, il demeureroit ſeul en tout le Royaume qui fuſt de condition à pouvoir pretendre à la Princeſſe.
Apres donc que Spitridate ſe