ne m’opiniaſtray pas extrémement à vouloir combatre ſon deſſein, parce que je creus que je le ferois inutilement : & parce qu’en effet il me ſembla que ce Prince avoit raiſon. Peut-eſtre que l’amour de ma Patrie m’abuſa : mais quoy qu’il en ſoit,. je dis à la Princeſſe, ce que Spitridate m’avoit dit : qui eſtoit qu’abſolument il la vouloit revoir ou mourir. La Princeſſe aprenant donc ſon obſtination, & voyant que plus elle attendoit, plus il y auroit de danger pour Spitridate & pour elle : ſe reſolut enfin à ſouffrir qu’il luy parlaſt encore une fois. Nous fuſmes long temps à reſoudre, ſi ce ſeroit dans les Jardins du Palais ou dans ſa Chambre : & nous creuſmes apres y avoir bien penſé, que les Jardins eſtoient le plus à propos : parce que depuis la mort du Roy, on rendoit ce reſpect à la Princeſſe, de n’y aller pas avec la meſme liberté que l’on faiſoit auparavant. Joint que ſi par malheur l’on venoit à deſcouvrir la choſe, elle pourroit auſſi toſt paſſer pour une ſurprise faite à la Princeſſe, que pour une entreveuë où elle auroit conſenti : ce qui ne pourroit pas eſtre, ſi elle voyoit Spitridate dans ſa chambre, J’advertis donc ce malheureux Prince, de ſe rendre vers le ſoir dans les Jardins du Palais, & dans la meſme Allée où il avoit deſja veû la Princeſſe : qui penſa plus de vingt fois manquer à la parole qu’elle m’avoit fait donner. L’on euſt dit qu’elle alloit faire un crime effroyable, tant elle y avoit de repugnance : & ſi je ne l’euſſe preſque forcée à deſcendre dans ces Jardins, je penſe qu’elle n’en auroit rien fait. Elle y fut donc ſans y mener perſonne que ſes Filles, qui ſuivant leur couſtume, ne la ſuivirent pas dans cette Allée ſolitaire, où elles n’alloient jamais, ſi elle ne les y apelloit : de ſorte que j’y fus ſeule avec elle. Comme
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