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il peut remettre ſa faute, ou faire donner chaſtiment. Mais s’il eſt vray qu’il toit Cyrus, c’eſt un ennemy public de toute l’Aſie, qu’il faut exterminer : c’eſt un intereſt commun que vous avez tous aveque moy (dit il en regardant tous ceux qui l’environnoient, à la reſerve des Perſans) c’eſt enfin voſtre Tyran qui eſt dans les fers : c’eſt cét homme que les Mages ont dit qui doit renverſer toute l’Aſie, & en eſtre Maiſtre : Et ſi quelque choſe me peut perſuader qu’Artamene ſoit Cyrus, c’eſt en effet les prodigieux advantages qu’il a remportez. Mais Seigneur, interrompit le Roy d’Hircanie, ces advantages qu’il a remportez ſont à voſtre Majeſté : de tant de combats, de tant de Victoires, & de tant de Conqueſtes qu’il a faites, il n’en poſſede aucune choſe, & n’a que ſes fers en partage. Non, repliqua Ciaxare, parce que graces aux Dieux je l’en ay empeſché. Mais, pourſuivit il en regardant Feraulas, Mandane sçait elle la Naiſſance de Cyrus ? Seigneur, repliqua t’il, je ne sçay rien de la Princeſſe, ſinon qu’il n’y a nulle intelligence criminelle entre elle & mon Maiſtre : & que la paſſion qu’il a eüe pour elle, ne luy a jamais fait perdre le reſpect ny envers elle, ny envers vous. La paſſion qu’à eu voſtre Maiſtre, reprit bruſquement Ciaxare, n’a eſte qu’une ambition démeſurée, & qu’un ſentiment de vangeance effroyable ; il a voulu punir Ciaxare, de ce qu’Aſtiage avoit entrepris contre luy dans le Berçeau pour le ſalut de toute l’Aſie. Mais j’acheveray ſans ſcrupule, ce qu’il ne commença ſans doute pas ſans peine : car enfin j’ay bien de plus puiſſantes raiſons à m’y porter : & bien de plus puiſſantes raiſons auſſi, interrompit le Roy de Phrigie,