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parce que là ils eſtoient en plus grande liberté qu’ailleurs. Comme ils y furent, le Roy de Phrigie ayant conſulté, avec celuy d’Hircanie, avec Hidaſpe, Aduſius, Artabaſe, Thraſibule, Madate, & apellé meſme Feraulas : ils conſidererent que Ciaxare faiſant conſister le plus grand crime d’Artamene, à la baſſesse de la condition, il faloit la luy aprendre telle qu’elle eſtoit, afin de le retenir par cette voye, & l’empeſcher de ſe porter à quelque extréme reſolution. Ils penſerent enfin qu’Aſtiage eſtant mort, peut-eſtre Ciaxare ne ſeroit il pas auſſi troublé des preſages des Aſtres, & des predictions des Mages, que le Roy ſon Pere l’avoit eſté. Qu’apres tout, sçachant qu’Artamene eſtoit fils d’un Roy ; eſtoit ſon Parent ; & avoit dans ſon Armée trente mille Perſans ; ſongeroit il plus d’une fois auparavant que de le perdre : & qu’en cas qu’il faluſt en venir à la force ouverte, les Soldats meſme ſe porteroient encore à combattre avec plus d’ardeur, pour le fils d’un Roy que pour un Inconnu. Cette reſolution ne fut pourtant pas priſe ſans eſtre fort conteſtée : Mais enfin apres l’avoir examinée à fonds, ils la prirent : & reſolurent qu’apres avoir donné tous les ordres neceſſaires à leurs Troupes, ils agiroient le lendemain au matin, ſelon qu’ils l’avoient imaginé : & que cependant il faloit faire en ſorte qu’il y euſt le plus de Gens que l’on pourroit aupres de Ciaxare : afin que tout d’un coup le bruit de la choſe s’épandiſt, & dans la Ville & dans le Camp. Apres cette petite conference, le Roy de Phrigie ſe raprochant de tous ceux qui ne sçavoient pas encore la condition d’Artamene, & qui n’eſtoient attachez à luy que par ſa ſeule vertu : leur dit qu’il les prioit de ſe trouver