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De plus, voyant que Feraulas ne s’eſtoit pas laiſſé prendre, il croyoit encore que s’eſtoit une marque infaillible, qu’il sçavoit beaucoup de choſes : car il n’ignoroit pas que Feraulas eſtoit aſſez courageux pour ne fuir point par un ſentiment de crainte pour ſa, vie. Enfin faiſant du venin de tout, il avoit l’eſprit tellement irrité, qu’il ne pût plus ſouffrir que le Roy de Phrigie continuait de luy parler pour Artamene. Le Roy d’Hircanie ne fut pas moins rudement rejetté que luy : & voyant à l’entour de ſoy ces deux Rois accompagnez de tant de Princes, & de tant de Perſonnes de qualité comme il y en avoit alors à Sinope : eſt il poſſible, leur dit il que vous ne vous laſſiez point de me preſſer pour un homme que vous ne connoiſſez pas ? S’il ſe diſoit ſeulement Sujet de quelqu’un de vous autres, j’aurois patience de voir que vous intereſſeriez en ſa fortune : mais Artamene eſt ſans doute de quelque Païs ſi peu conſiderable, que ſa Nation meſme eſt honteuſe à advoüer. Cependant vous me parlez tous de luy, comme ſi c’eſtoit le fils d’un Grand Roy, & comme ſi je devois irriter tous les Rois du monde en le puniſſant. Non, leur dit il fort en colere, ne m’en parlez plus : ou faites moy connoiſtre du moins pourquoy vous m’en parlez. Car enfin je vous le dis pour la derniere fois, ſi dans deux jours Artamene ne ſe reſoud à m’advoüer tous ces crimes, la fin de ſa vie me mettra en repos de ce coſté la : & je n’auray plus qu’à punir en ſuitte tout à loiſir les complices de ſes fautes. Apres avoir dit cela, Cixare entra dans ſon Cabinet : & laiſſa tous ces Rois & tous ces Princes fort ſurpris & fort affligez.

ils s’en allerent donc chez Hidaſpe, comme eſtant le plus intereſte en la choſe, &