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dans un deſespoir extréme. Cette Grande Ame toutefois faiſoit effort pour reſister à la douleur : & ſi Artamene n’euſt eſté attaqué qu’en ſa perſonne, il n’auroit pas eu beſoin de toute ſa confiance. Tous ſes Gardes eſtoient changez : & l’on avoit mis aupres de luy de ces Soldats qu’Artaxe avoit envoyez : de ſorte qu’il eſtoit alors ſans conſolation aucune. Comme le Roy connoiſſoit ſa fermeté, quoy qu’il euſt eu deſſein de luy faire faire pluſieurs queſtions à luy meſme, & ſur ſa naiſſance ; & ſur l’intelligence qu’il avoit avec le Roy d’Aſſirié ; & ſur ſon amour ; il changea d’advis : & ſe reſolut de tirer la verité par les autres perſonnes qu’il tenoit en ſon pouvoir. Pour cét effet on leur promit des recompenſes ; on les menaça de chaſtimens tres rudes ; on commença meſme de les mal traiter : Mais quoy que Metrobate puſt faire, il ne pût jamais faire changer de diſcours, ny à Chriſante, ny à teſie à Ortalque : car pour les trois autres, ils n’avoient rien du tout à dire. Artucas advoüoir bien que ſa Parente avoit eſte trois jours chez luy, auparavant que de ſe monſtrer : mais il diſoit que c’eſtoit parce qu’elle n’eſtoit pas en eſtat d’eſtre veuë : que du moins ne luy en avoit elle donne autre raiſon. Et quoy qu’en effet Marteſie luy euſt demandé à voir Chriſante & Feraulas, il n’en parla point du tout. Metrobate ne diſoit pourtant pas au Roy la choſe comme elle eſtoit ; au contraire, il l’aſſuroit qu’ils commençoient de s’eſbranler, qu’ils ſe contrediſoient ſouvent, & qu’ils diroient bien-toſt toutes choſes.

Cependant le Roy voulut voir Marteſie, quoy que Metrobate s’y oppoſast de toute ſa puiſſance : de ſorte