Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/667

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus fidelle Serviteur qu’euſt Ciaxare : qu’ainſi c’eſtoit ſervir le Roy des Medes, que de l’empeſcher de faire une injuſtice : que de plus l’on voyoit que Metrobate ancien Amy d’Aribée, avoit eſté employé en cette derniere occaſion : & qu’il eſtoit à craindre que cét homme vindicatif, n’impoſast beaucoup de choſes au Roy, Que cependant il faloit ſonger à maintenir les Soldats en l’opinion qu’ils avoient de l’innocence d’Artamene : & que pour cela, il faloit aller donner promptement tous les ordres neceſſaires au Camp. Quelques uns d’eux s’y en allerent donc en diligence, ſemer le bruit de la nouvelle injuſtice que l’on faiſoit à cét illuſtre Priſonnier : & n’eſtant enfin demeuré que ceux qui sçavoient toute la vie d’Artamene, c’eſt à dire le Roy de Phrigie, celuy d’Hircanie, Perſode, Thraſibule, Hidaſpe, Aduſius, & Feraulas : ils delibererent ſur ce qu’il eſtoit à propos de faire en une rencontre ſi facheuſe. Ils jugeoient bien que Chriſante ne diroit jamais rien, ny de l’amour de ſon Maiſtre, ny de ſa naiſſance, quelque tourment qu’on luy peuſt faire ſouffrir : mais ils jugeoient bien auſſi, que plus il refuſeroit de dire qui eſtoit Artamene, plus le Roy croiroit que ſa condition eſtoit baſſe, & plus il le croiroit criminel. Ils craignoient auſſi un peu qu’Ortalque ne s’eſtonnast, & ne diſt quelque choſe qui peuſt nuire : car Feraulas avoit sçeu d’Artamene ce que cét honme avoit eſté faire à Ptcrie. Ils aprehendoient encore, que Marteſie par la frayeur de la mort ne deſcouvrist plus qu’il ne faloit de l’innocente affection d’Artamene pour la Princeſſe : & qu’en voulant juſtifier Mandane, elle ne diſt ce qu’eſtoit effectivement Artamene : Enfin ils