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long temps, repliqua Ciaxare, & il n’eſt affeurément qu’un temeraire ambitieux que la Fortune a favoriſé : & que la foibleſſe de ma Fille a rendu heureux & criminel tout enſemble. Enfin, leur dit il, quand je sçray pleinement informé de toutes les circonſtances de ſon crime, par ſa propre bouche ; par celle de Marteſie ; de Chriſante : & d’Andramias, que je ſoupçonne d’eſtre trop de ſes amis : Que je sçavray, dis-je, par Artucas ; par Ortalque ; par Araſpe ; & par Feraulas ſi je le puis faire arreſter ; tout ce que l’amour & l’ambition jointes enſemble, ont pu faire entreprendre à cét Ennemy caché ; je vous appelleray tous, pour eſtre les teſmoins de ſa condamnation. Seigneur, luy dit le Roy de Phrigie, je ſupplie tres humblement voſtre Majeſté, de ne condamner pas Artamene ſur des apparences : il eſt peut-eſtre ce que vous ne penſez pas qu’il ſoit ; & l’affection qu’il a pour la Princeſſe & l’intelligence qu’il a eüe avec le Roy d’Aſſirié, ne ſont peut-eſtre pas criminelles comme vous les croyes. Et puis, adjouſta le Roy d’Hircanie, j’oſe dire à voſtre Majeſté, que les ſervices qu’Artamene luy a rendus, meritent le pardon de beaucoup de crimes : Vous avez raiſon, reprit Ciaxare, auſſi eſtois-je enfin reſolu de luy pardonner l’intelligence qu’il avoit eüe avec mon Ennemy : mais pour celle qu’un homme comme luy a eüe avec ma Fille, je ne la luy pardoneray jamais. Ces Princes voyant Ciaxare ſi irrité, ne voulurent pas s’opiniaſtrer davantage pour cette lois : & le ſupplierent ſeulement de bien examiner les choſes : & de ne le condamner que ſur des preuves convainquantes, qu’il euſt eu une intelligence criminelle avec le Roy d’Aſſirie ; qu’il euſt concerté quel que choſe d’injuſte, avec la Princeſſe