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Car enfin, dit il, j’ay sçeu de certitude par un Amy que j’ay dans Pterie, que depuis qu’Anamene eſt priſonnier, Ortalque qui vous a aporté la nouvelle de la vie de la Princeſſe, a eſté de la part d’Artamene vers le Roy d’Affirié, qui eſt party de ce lieu là ; ſans que l’on sçache où il eſt preſentement : Et je sçay de plus par un Domeſtique d’Artucas, que Marteſie a eſte trois jours cachée chez luy, auparavant que de voit voſtre Majeſté : elle qui avoit à vous aprendre que la Princeſſe Mandane n’eſtoit pas morte. Je sçay meſme encore, qu’elle a envoyé aujourd’huy une Lettre à Artamene : & qu’il n’y a point de jour que Feraulas ne la voye : qui comme vôtre Majeſté sçait eſt fort aimé d’Artamene. l’ay de plus remarque, adjouſta t’il, que Chriſante & luy vont eternellement d’un lieu â l’autre : tantoſt chez le Roy de Phrigie ; tantoſt chez le Roy d’Hircanie ; tantoſt chez Hidaſpe ; chez Thimocrate ; chez Gadate ; chez Gobrias ; & chez tous les autres. Ortous ces Princes, Seigneur, ne ſe croyent vos Sujets que par ce qu’ils ſont perſuadez que la ſeule valeur d’Artamene vous les a aſſujetis : & comme il s’eſt adroitement ſervy de la bonté de voſtre Majeſté pour les faire bien traiterais luy en ont l’obligation toute entiere : & tant par reconnoiſſance que par leur propre intereſt, je les tiens capables de tout entreprendre pour luy. Mais, dit alors Ciaxare, que dois-le & que puis-je faire pour m’eſclaircir encore un peu davantage d’une choſe dont je ne doute pourtant preſque plus ? Seigneur, reſpondit Metrobate, je penſe que voſtre Majeſté s’inſtruiroit infailliblement de bien des choſes, ſi elle faiſoit arreſter Ortalque, pour luy faire rendre compte de ſon voyage vers le Roy d’Aſſirie : ſi elle faiſoit