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du Roy de Pont : auquel Artamene dit encore en le quittant, avec beaucoup de civilité ; Seigneur, j’irois moy-mesme vous servir, si la necessité de mon devoir me le permettoit : mais comme je voy encore quelques-uns des vostres les armes à la main, vostre Majesté me pardonnera si je la quitte : & si je vay achever de me mettre en estat de luy rendre apres mes devoirs, avec plus de respect & plus de loisir, A ces mots s’abaissant jusques sur l’arçon, il tourna bride : & ce Prince vaincu recevant la loy d’un Vainqueur qui le traitoit de si bonne grace ; suivit Chrisante sans songer plus à sa liberté. Cependant le Roy de Phrigie ayant sçeu bien tost apres, que le Roy de Pont estoit prisonnier, en entra en une fureur estrangge : & quoy que ce Prince soit desja assez esloigné de sa premiere jeunesse, il a pourtant beaucoup de vigueur, & beaucoup de generosité : si bien qu’aprenant cette perte, il redoubla ses efforts, pour tascher de la reparer. Il rassembla donc ce qu’il pût des siens, & fut luy mesme en personne aux lieux les plus dangereux : Artamene ayant apris en quel endroit combattoit ce Prince, y fut accompagné de tout ce qui le pût suivre ; de tout ce qu’il rencontra en son passage ; & recommença alors un nouveau combat. Par tout ailleurs l’on ne voyoit que des Ennemis morts où mourans ; Que des Soldats qui jettoient leurs armes pour fuir, ou qui se rendoient ; & la victoire estoit entierement du costé d’Artamene. Cependant la nuit tombant tout d’un coup, l’on ne discerna plus du tout l’endroit où il y avoit encore combat, de ceux où il n’y en avoit plus : & Philidaspe que la foule avoit separé d’Artamene, malgré la resolution qu’il avoit prise de ne l’abandonner pas ; achevant de vaincre tous ceux qui luy avoient resisté ; ne