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qu’elle ſoit dans ſes Eſtats, quoy qu’il y ait grande aparence que la choſe ſoit ainſi : & je n’ay point trouve le Prince Tigrane à la Cour du Roy ſon Pere. Mais encore, luy dit Ciaxare, comment ce Prince vous a t’il reçeu ? Seigneur, reprit Megabiſe, quand je fus arrivé à Artaxate, & que j’eus envoyé demander Audience au Roy, il me la fit attendre trois jours : & durant cela, je fus touſjours ſoigneusement obſervé par diverſes perſonnes. En ſuite comme je me fus aquité du commandement que j’avois reçeu de voſtre. Majeſte ; & que je luy eus dit qu’ayant sçeu que la Princeſſe voſtre Fille eſtoit dans ſes eſtats, vous m’aviez envoyé la luy redemander : je penſois, me dit il aſſez fierement, que vous vinſſiez me ſoliciter encore de payer le Tribut que j’ay paye à Aſtiage, & que je ne dois plus à Ciaxare, auquel je n’ay ri ? promis. Mais pour la Princeſſe Mandane, elle n’eſt pas en ma puiſſance : & quand elle y ſeroit, je ne la rendrois pas ſans doute : & la garderois pour Oſtage, juſques à ce que par un Traité autentique, le Roy voſtre Maiſtre euſt advoüé, que les Rois d’Armenie ne doivent plus eſtre des Rois Tributaires. Seigneur, luy dis-je, ſongez bien à ce que vous dites, auparavant que de me donner mon congé : car le Roy mon Maiſtre sçait de certitude que la Princeſſe eſt dans vos Eſtats. Je la feray chercher, me dit il, & on la traitera en perſonne de ſa condition : Mais ſi elle y eſt, je vous dis encore une fois, que je ne la renvoyeray point au Roy des Medes, qu’il ne ſe ſoit départy des pretentions qu’il a ſur l’Armenie. Qu’il ſe contente, me dit il encore, que la Fortune luy a donné un home qui luy fait aſſez de Conqueſtes, pour le conſoler de la perte qu’il fait d’un mediocre Tribut. Enfin, Seigneur,