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parfumée qui s’en eſleva : & volant avec rapidité vers le Ciel, ſemblerent aller porter les Vœux de Selon & de Philoxipe à la Deeſſe à laquelle ils eſtoient offerts. Apres cela, toutes les Filles qui eſtoient dans ce Temple, commencerent un Cantique de joye, qui fit retentir ſes voûtes agreablement : & une d’entr’elles prenant un petit faiſceau de Mirthe lié avec des filets d’Or, en ramaſſa les cendres du petit Bûcher, afin de voir ſi tout avoit eſté parfaitement conſumé : car c’eſt une des marques que le Sacrifice a eſté bien reçeu. L’on fut en ſuitte viſiter le Jardin Sacré où l’on nourrit les Tourterelles & les Cignes deſtinez au ſervice de la Deeſſe, pour voir ſi ceux qu’on luy avoit offerts n’y eſtoient pas retournez : car alors que cela n’arrive point, c’eſt une marque infaillible, que le Sacrifice n’a pas eſté accepté ; & que la Deeſſe ne trouve plus ces Oyſeaux aſſez purs, pour luy eſtre preſentez une autre fois. Mais pour le Sacrifice de Solon, il eut toutes les marques d’un Sacrifice heureux : Le Bûcher avoit eſté entierement conſumé : les Parfums avoient monté droit vers la voûte du Temple : les Oyſeaux avoient volé du coſté du Levant, & on les avoit retrouvez dans le Jardin Sacré. En fin ces Filles aſſurerent à Solon & à Philoxipe, que leurs vœux avoient eſté agreables à la Deeſſe : & qu’il y avoit tres long temps qu’elles n’avoient offert de Sacrifice qui euſt eſté ſi bien reçeu. Apres avoir donc rendu grace à la divine Uranie, ces deux illuſtres Affligez partirent pour s’en retourner à Paphos : Solon entretenant Phitoxipe ſi agreablement, & luy diſant de ſi belles choſes ; que ſans y penſer il quitta le chemin par lequel ils eſtoient venus. Ceux qui les accompagnoient, crurent que Philoxipe qui sçavoit