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mieux faire que de prier les Dieux, propoſa à Philoxipe d’y aller, qui y conſentit aiſement. De ſorte que montant à cheval dés le lendemain au matin, ſuivis de peu de monde ; ils furent à ce Temple, qui eſt ſcitué en un lieu infiniment agreable. je sçay bien Seigneur, que je ne devrois pas m’arreſter à vous raconter toutes les ceremonies du Sacrifice que l’on offrit pour Solon & pour Philoxipe en cette occaſion : neantmoins comme ce qui le ſuivit l’a rendu celebre parmy nous, je ne laiſſeray pas de vous le dire. Joint que peut eſtre n’en avez vous point veû de ſemblable : car c’eſt un Sacrifice qui ne couſte point la vie aux Victimes que l’on y offre : & qui au contraire, fait qu’elles recouvrent la liberté. Ce Temple eſt d’une ſtructure aſſez belle : l’Autel en eſt magnifique : au pied de cét Autel, & droiſt au milieu, l’on mit pour la ceremonie du Sacrifice, un grand Chandelier d’Or à douze branches, où pendoient des Lampes de Criſtal, que l’on alluma. Auſſi toſt apres cinquante Filles habillées de Gaze d’argent meſlé de bleu, pour marquer l’origine de la Celeſte Venus qu’elles ſervent : ayant toutes des Couronnes de fleurs ſur la teſte, & des branches de Mirthe à la main, ſe rangerent des deux coſtez du Temple : à la reſerve de celle qui devoit faire la ceremonie, qui demeura au milieu. Au pied de ce Chandelier d’or, eſtoit une grande Caſſolette de meſme metal, où il y avoit du feu, qu’ils appellent Sacré : parce qu’il n’eſt allumé que par l’agitation de certaines pierres conſacrées à la Deeſſe. Celle qui offroit le Sacrifice au Nom de Solon & de Philoxipe, mit dans cette Caſſolette, de l’Ambre, du Thimianie, du Benioin, du Labdan, & de pluſieurs autres Parfums.