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vous feray de conſiderer plus d’une fois, ſi elle eſt digne de l’honneur que vous luy voulez faire : car ſi vous continuez en voſtre reſolution, & qu’en effet je connoiſſe que ſa vertu merite une partie des graces que vous luy faites, je ſeray tout preſt de luy commander de vous conſiderer comme celuy que les Dieux ont choiſi pour la rendre heureuſe, & pour la combler de gloire. Je ne vous dis point Philoxipe, que le fameux Exceſtides mon Pere, qui ne m’a laiſſé pauvre, que par ſa magnificence, eſtoit deſcendu de l’illuſtre Race du Roy Codrus : car ce ne ſont pas des choſes dont je trouve qu’il faille tirer grand advantage. Mais je vous aſſureray, que tous ceux de ma Maiſon depuis qu’ils ont quitté là Couronne, ont eſté auſſi bons Citoyens, que leurs Devanciers avoient eſté bons Rois : & qu’en mon particulier, j’aimeray touſjours beaucoup mieux m’oppoſer à la Tyrannie qu’eſtre le Tyran. Enfin, luy dit il encore, comme ce ne ſera point à voſtre Grandeur que je donneray Policrite : je pretens auſſi que la vertu de Policrite luy tienne lieu d’une Couronne. Mais helas, interrompit Philoxipe, comment me la donnerez vous, cette adorable Policrite, ſi nous ne sçavons point où elle eſt ? Il faut la demander aux Dieux, luy repliqua t’il, puis que c’eſt d’eux ſeuls que nous devons attendre tous les biens qui nous peuvent arriver. Enfin Seigneur, Philoxipe eut une joye que l’on ne peut dire, de trouver en l’eſprit de Solon des diſpositions ſi favorables pour luy. Mais auſſi eut il une douleur extréme, de voir que les bonnes intentions de Solon ſeroient inutiles, ſi l’on ne retrouvoit point Policrite. Touteſfois la veüe d’un homme ſi illuſtre, ne laiſſoit pas de le conſoler en quelque ſorte : & la converſation d’une perſonne