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ceux qui l’ont enlevée de ſa Cabane, pour me punir ſans doute de n’avoir pas connu plus preciſément la Fille de l’illuſtre Solon. En ſuite il pria ce fameux Legiſlateur de paſſer dans ſa Galerie, qui avoit eſté peinte depuis ſon dernier voyage à Clarie ; & luy monſtrant les Portraits de Policrite ſous la Figure de Venus Uranie ; Voila, Seigneur, luy dit il, la Deeſſe qui m’a fait connoiſtre Policrite. Solon ſurpris de cette veuë regarda Philoxipe : & ne pouvant comprendre qu’il peuſt avoir ces Peintures ſans le conſentement de Policrite ; Seigneur, luy dit il, Epimenides m’aſſura que Policrite ſeroit vertueuſe : mais ces Portraits me font craindre que pour avoir eſté eſlevée parmy des Rochers, elle ne ſoit devenuë un peu trop indulgente. Ha ! Seigneur, s’eſcria Philoxipe, que Policrite eſt eſloignée de ce que vous me dittes ! Mais oſeray-je vous aprendre ma hardieſſe ? & oſeray-je vous demander, auparavant que de vous raconter mon malheur & le voſtre, pourquoy vous la laiſſastes en ce lieu là ? Solon qui connoiſſoit la vertu de Megiſto & de Cleante : qui sçavoit auſſi côbien eſtoit grâde celle de Philoxipe, condamna ſes premiers ſentimens : & ſe haſta de luy dire, comment lors qu’il arriva en noſtre Iſle, il avoit fait débarquer Cleanthe & ſa Famille comme des Paſſagers qui n’eſtoient pas de ſa connoiſſance. Qu’en ſuitte il les avoit logez au bord de la Mer : Mais qu’eſtant apres à Clarie, & luy aidant à faire baſtir la Ville à la quelle il avoit voulu donner ſon Nom, s’eſtant allé promener ſeul, il avoit remarqué ce petit Deſert, ou il avoit logé Policrite : ayant donné à Cleanthe dequoy faire baſtir ſa Cabane, & dequoy y ſubsster tres commodément, auſſi long temps que devoit durer ſon exil. Que paſſant